Archives de catégorie : Ubarius, un brin rêveur

de Bric, de Broc…et de Fiac !

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Je suis allé à la Fiac, comme des milliers de français pour voir pas pour acheter. Le distinguo est important. Certains, je crois, y vont pour être vus. Les vrais acheteurs ont fait leurs courses avant le vernissage.
Pendant les années 2000 on découvrait sur les stands beaucoup de provocations et d’outrances à connotation sexuelle, il semble bien que le mouvement se soit éteint. Seuls les connaisseurs et autres amateurs ont reconnu dans l’œuvre ‘’tree’’ de Paul Mc Carthy une allusion sexuelle. Son érection place Vendôme a été contrariée par des activistes aux idées étroites mais parfaitement renseignés. Histoires de spécialistes sinon de spécialités !
Quand je visite la Fiac, je regarde à partir des allées à quoi ressemble la société aujourd’hui et vers quoi les artistes et leurs galeries (galériens ?) nous invitent à aller. Il y a peu d’humour cette année. Les œuvres sont techniques, très pluridisciplinaires, ça récupère à tout va…J’ai eu une impression de bric et de broc. Comme Sophie de Menton je dois être un petit-bourgeois réac et arriéré qui recherche le beau dans les propositions d’artiste plutôt que le discours ou la prouesse du façonnage. J’aime laisser du mystère aux objets. J’aime les découvrir, pas les comprendre. Je suis encore dans la posture de croire qu’un des vecteurs de la beauté est de paraître simple et accessible. J’attends d’une oeuvre d’art qu’elle m’installe dans l’évidence émotionnelle non dans sa difficulté à naitre.

L’impression que je garde de la visite de la Fiac est que nous vivons une période fatigante.

Les Tilleuls 1738 à Etretat

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Dimanche 31 août (2014) , mon épouse et moi sommes partis en vadrouille pour faire semblant de croire que nous avions oublié que la rentrée des classes était dans trois jours. Profitant d’une fenêtre météorologique favorable, en cette toute fin de mois d’août, nous fîmes vite nos bagages, réservâmes un couchage et filâmes à moto… au Havre ! L’exposition Nicolas de Staël, lumières du Nord, lumières du Sud, nous attendait depuis le 6 juin. Nos enfants garderaient la maison, les grands parents n’étant pas loin.

Avec ce déplacement, nous affirmons une nouvelle fois combien il est bon d’inventer une nouvelle ‘’page vacances’’ alors que l’album est presque terminé.

De Nicolas de Staël, je dirai juste qu’il faut aller voir les tableaux accrochés au Muma, ensuite nous parlerons, ou pas, de la balade magnifique dans les paysages proposés et des impressions ressenties sur nos consciences interpellées. Je suis encore émerveillé, troublé, ému, dubitatif, admiratif, frustré…Mon invitation à aller au Havre est sincère et désintéressée, l’envie de participer à une conversation avec vous autour de l’œuvre de Nicolas de Staël, immense.

Trente kilomètres séparent Le Havre d’Etretat où nous avons décidé de dormir. Un choix capricieux effectué à partir du souvenir que nous avions d’avoir biffé un article sur les maisons d’hôtes paru au printemps dans un Fig-Mag opportunément conservé. Chacun de notre côté, dans un jeu de couple savoureux et sage nous étions partis dans un voyage immobile en imaginant un bon séjour dans les maisons proposées. Nous devions sélectionner nos trois hébergements préférés les plus proches de Paris. Tous deux avions coché l’entrefilet présentant LES TILLEULS 1738 : en plein cœur d’Etretat, une maison de famille cossue, aménagée avec beaucoup de raffinement. Le charme exquis de la bourgeoisie ! Gilles a longtemps travaillé dans le cinéma, il en a gardé le goût des beaux décors et des tissus voluptueux. Salle de projection, cave à vins, bibliothèque, cabane fumoir, jardin…Five o’clock tea ou apéritif. Table d’hôtes… C’est donc sans chercher plus loin – ni plus près ! que nous avons choisi les Tilleuls 1738.

Puisque nous avions réussi à surpasser nos remords ‘’d’abandonner’’ sans vergogne nos enfants autant prendre bien le temps de la distraction et savourer une journée à rester sur place en passant deux nuits dans cette destination inconnue mais prometteuse. Ah ! qu’avons-nous bien fait. Mille surprises et délicatesses s’offrirent à nous, les énumérer tarirait le suc de votre imagination. Je ne suis pas critique touristique, faiseur de commentaires en art de vivre, je suis un jouisseur contemplatif et discret. L’exposition de Nicholas de Staël se terminera un jour, je formule un vœux :

QUE LES PORTES DES TILLEULS 1738 NE SE REFERMENT JAMAIS !

Gourmets des Ternes

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Aux Gourmets, je venais avec mon père.
J’y viens seul ou accompagné sans jamais réserver alors que c’est toujours complet. C’est ma coquetterie de parigot.
Deux fois, le Père Marie m’a viré parce que je ne prenais pas d’entrée (le temps de préparer la viande disait-il…).
Je reviens quand je peux, entre deux rendez-vous.
Je passe de temps en temps pour embrasser la pièce de bœuf et essorer le baba au rhum ; oh ! bien sûr, je commence par une entrée, souvent les céleris rémoulade.
Pour le vin, c’est selon l’humeur, le portefeuille, et l’échange d’idée avec Jean, le fils et actuel patron.
Ouais, c’est vrai, le Bérurier (personnage outrancier, obèse, impudique, ronchonnant…de la série de romans policiers San-Antonio) est parfois au service dans la salle mais, dans l’assiette, y’a du Mozart. Alors, il faut savoir regarder l’un et écouter l’autre. Et puis, quand le Béru met son tutu, il faut se laisser aller, et se marrer avec lui… Il ne faut pas s’arrêter aux apparences un peu rudes du service. Pour aimer faut comprendre. Faut avoir le décodeur.
Les Gourmets est un bistro de parisiens pour le monde entier. Mais faut se plier au protocole. Il y a de la gouaille, de l’exagération, de la maladresse contrôlée… Un peu de rudesse dans ce monde aseptisé, cela ne fait pas de mal !
Aux Gourmets, il y a de la continuité et de l’excellence depuis les trente cinq ans que je le fréquente.
Pas de place pour la fanfreluche et la minauderie. Il faut savoir s’imposer avec discrétion et charme.
On n’est pas riche de ses caprices mais de son désir à se faire du bien.

J’aime les Gourmets des Ternes.