TATOUAGE

La mode est faite pour bouger. Elle est versatile, éphémère, primesautière ; elle habille et déshabille l’humeur du jour. Elle accompagne les mouvements de société, parfois elle les anticipe, dans les plus heureux des cas, elle les influence. Elle dénonce aussi les excès bien qu’elle en fasse son lit de temps en temps. Le monde de la mode est la pire et la meilleure des choses, des talents à la créativité inouïe, des savoir-faire merveilleux et rares, mais hélas elle a une propension à se prendre très au sérieux. Ceux, créateurs comme clients, qui ont compris que ce n’était qu’un jeu sont les plus heureux du monde, les autres de malheureuses victimes.

Tatouage lingerie

Le tatouage est un phénomène de mode destiné à rester sur la peau. Le chemin que chacun emprunte pour arriver jusqu’à l’inscription sur soi est de l’ordre de l’intime, du combat intérieur entre la nécessaire discrétion, le besoin d’expression et la volonté d’exister aujourd’hui et demain, dans le présent et l’au-delà. On considère alors son corps comme une plaque ante-mortem, un livre ouvert sur une déclaration plus ou moins discrète que l’on a curieusement envie de proposer à tous. J’entrevois une charge érotique patente à souffrir pour recevoir un dessin graver dans sa chair et au fur et à mesure que la douleur s’estompe monte le désir, comme une récompense, que le plus doux des regards vienne se poser sur soi. Et alors de recommencer pour un nouveau tatouage, une nouvelle flagellation… Un Petit Prince sur le cœur, une salamandre sur l’épaule, une étoile à la cheville, un Mickey sur la fesse, une rose des vents dans le cou, une ancre marine sur le biceps…Tracer sa vie avec un sang d’encre, est-ce le penchant à une mauvaise habitude ? Prendre sa peau pour une page blanche, en finir avec les ressemblances, marquer sa différence. A fleur de peau dessiner un bouquet de roses. Avec des nouvelles lignes de vie redonner au corps de sa naissance de belles espérances. Corps silencieux, territoire de combat, de conquête, de libération, mais sans mots, sans âme, je veux lui dessiner un destin : un dessein d’envie, d’amour et de postérité enfin. Ces dessins sur mon corps, peut-être les maux de mon cœur – des rictus de douleur pour des clins d’œil de douceur. Entre les pores de ma peau je jette l’encre nécessaire comme autant d’hypothèses à des envies que je ne maitrise pas complétement. Le tatouage participera à l’économie de mon corps non à son commerce. Malgré tous mes rêves d’éternité il disparaitra hélas avec mon dernier souffle.

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