Tous les articles par Ubarius

Né en juin 1961 Marié, père de deux garçons (19 et 16 ans) Service militaire effectué au sein de la Marine Nationale Directeur technique de salons professionnels (1986 – 2005) Tour(s) de son nombril (2006 – 2007) Courtier en Travaux (2008 – aujourd’hui) Depuis 2012 consacre 90 % de son temps à l’écriture : - Taxi Lul’ au Fort du Trou d’Enfer (album pour enfant) - Le vol du poisson rouge (récit pour adulte) - O.L.P (scénario de court métrage) Dyslexique non contrariant …

very nice

Christophe Jacrot Nice Pointe de Rauba-Capeu

Image de film : Indochine ?
Tempête éternelle, grêle souvenir. Immobilité passive.
Des neiges grises disparaissent devant l’apparition évanescente d’une silhouette ocre de Chine. Bitume brulé de glace, pelures du ciel en transhumance. L’horizon s’évapore. Le vent caresse la lumière. Je cligne des yeux…
Je suis à Nice dans un transport imagé et désolant qui me réconforte pourtant.
Paisiblement installé dans une contemplation de l’absence au calme dérangement, je me projette avec délectation dans le cadre proposé.
Acteur silencieux dans un film noir et blanc, je flotte dans le décor éphémère et me déplace entre deux points de fuite ; je poursuis la ligne dans sa courbe blanche et rassurante, balaye le clair-obscur d’un revers de cil, fuit la brillance de l’ondée passagère… Je déguste mon existentielle errance.

J’entends du Chet Baker et vois des charbons bleus.

Merci à ©hristophe Jacrot pour son magique cliché

de Bric, de Broc…et de Fiac !

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Je suis allé à la Fiac, comme des milliers de français pour voir pas pour acheter. Le distinguo est important. Certains, je crois, y vont pour être vus. Les vrais acheteurs ont fait leurs courses avant le vernissage.
Pendant les années 2000 on découvrait sur les stands beaucoup de provocations et d’outrances à connotation sexuelle, il semble bien que le mouvement se soit éteint. Seuls les connaisseurs et autres amateurs ont reconnu dans l’œuvre ‘’tree’’ de Paul Mc Carthy une allusion sexuelle. Son érection place Vendôme a été contrariée par des activistes aux idées étroites mais parfaitement renseignés. Histoires de spécialistes sinon de spécialités !
Quand je visite la Fiac, je regarde à partir des allées à quoi ressemble la société aujourd’hui et vers quoi les artistes et leurs galeries (galériens ?) nous invitent à aller. Il y a peu d’humour cette année. Les œuvres sont techniques, très pluridisciplinaires, ça récupère à tout va…J’ai eu une impression de bric et de broc. Comme Sophie de Menton je dois être un petit-bourgeois réac et arriéré qui recherche le beau dans les propositions d’artiste plutôt que le discours ou la prouesse du façonnage. J’aime laisser du mystère aux objets. J’aime les découvrir, pas les comprendre. Je suis encore dans la posture de croire qu’un des vecteurs de la beauté est de paraître simple et accessible. J’attends d’une oeuvre d’art qu’elle m’installe dans l’évidence émotionnelle non dans sa difficulté à naitre.

L’impression que je garde de la visite de la Fiac est que nous vivons une période fatigante.

Ménage à trois

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Vanity Fair n° 16 – octobre 2014

Julia et moi, nous nous sommes quittés ce matin un brin contrariés. Parfois l’on s’énerve l’un contre l’autre alors que nous nous avouons bien volontiers de pas pouvoir dormir l’un sans l’autre.

Ce soir quand je rentre, elle est déjà couchée ; elle a laissé un mot sur la table du salon : « Mon Chéri, je n’ai pas que toi dans ma vie… (Je le sais hélas !) Je t’aime au quotidien mais il va falloir que tu t’accroches si tu veux continuer à vivre avec moi et mon sale caractère. Mon corps te réclame, mais ton amour exclusif me contraint, la flamme qui brule entre nous deux me brule, m’étouffe. J’ai besoin de respiration. Tu n’es pas le seul homme de ma vie. Accepte-le, ne sois pas jaloux ! Sans te perdre j’ai aussi besoin de vivre avec la présence sublimée et innocente de mon grand-père à mes côtés. Il m’aide à rendre l’espoir toujours possible et le doute superficiel. Tout le monde l’admirait et l’aimait. Il était génial. Les femmes l’adoraient. Il ne fâchait ni ne froissait jamais personne, il traçait sa route, déterminé et nonchalant. Par sa simple présence il émerveillait le monde. Il avait la grâce et la distinction de ne jamais laisser paraître la charge de travail et des responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Il était solaire et léger, un astre créatif et merveilleux. J’étais sa petite fille préférée – en tous cas, il avait le talent de me le laisser croire. Il m’irradiait de sa tendresse et de sa bienveillance sans jamais me considérer comme une enfant, ni comme une adulte d’ailleurs. Là s’exprimait toute sa science de l’humain. Sans lui, je ne serai pas là…»

Je me remémore l’anecdote génératrice de la carrière de Julia, un jour où elle était triste, son grand-père Achille l’invita à la suivre dans son bureau et l’installa à une table à dessin avec du papier et des crayons de couleur. « Pleure si tu veux, dessine si tu peux ! » D’une larme tombée de sa joue sur la feuille, elle fit une goutte-de-pluie-boucle-d’oreille à laquelle elle enjoignit un sourire. De ce dessin d’enfant, son grand-père fit l’emblème de sa maison de couture et lança un département de joaillerie qu’elle dirige aujourd’hui.

Je ne veux ni arrêter son rêve d’enfant ni interrompre la belle aventure familiale, je dois juste fermer mes oreilles quand elle me rabâche « Mon Grand-Père-Ceci, mon Grand-Père-Cela ».

Avant de la rejoindre dans notre lit, je lui écris à mon tour un petit mot qu’elle lira demain matin : « Chérie, j’aime beaucoup ton grand père, surtout quand tu adoptes son ancienne manie de prendre des ‘’bains d’air’’ et de te balader toute nue dans la maison. J’ai décidé de regarder la vie du bon côté. Avec toi ! »

BRUITS DE COULOIR

J’aime l’exercice qui consiste à associer des mots nouveaux aux images que je croise dans mes déambulations internet. Cette fois, j’inscris une belle rencontre virtuelle avec un ancien camarade de lycée en reprenant son texte et sa photographie :

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– Regardez mon nouveau statut Facebook, chère amie : je m’y montre impitoyable pour l’impérialiste Zuckerberg.
– Quel courage, mon ami ! Comme votre anticapitalisme fait plaisir à voir ! Vous êtes le phénix des hôtes de la vraie droite !
– Et voyez mon commentaire ici : j’y condamne fermement Apple et toutes ses manigances.
– Bravo, mon ami, bravo. Avec des esprits comme vous, la cohérence intellectuelle de notre nation est assurée.

( Pascal Avot dans une inspiration du 18 sept.-14)

HOLLYWOOD \ SWING / GUN

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Je dénonce la malfaçon, le parfum de supercherie, la faute de gout, l’ironie cynique qui se retourne contre la douceur et la générosité des êtres : en une semaine, Arnold Schwarzenegger et Melinda Gates viennent à Paris et, à grand renfort de communication bien huilée – c’est naturel pour un ancien body-builder… – nous expliquent comment sauver la planète. Tout le monde gobe le spectacle et dit merci ! Les portes de l’Elysées et de l’hôtel de ville de Paris s’ouvrent avec les honneurs. Je ne mets pas en doute la sincérité ni le dévouement de ses personnalités à des causes humanitaires, je déplore le spectacle de la bonne conscience exposée et la duplicité de la société du spectacle en générale et des idylles socialistes en particulier, toujours très prompts à faire le grand écart idéologique. Ils attisent la lutte des classes, stigmatisent les riches mais n’ont aucune gêne ni pudeur à cirer les pompes des représentants du KOLOSSAL KAPITAL en la personne du grand HOLLYWOOD et du pape de la SILICONE VALLEY, sinon de sa femme !

Quel choc et discordance, quel malaise de nous voir tous nous répandre comme des pantins anonymes, repus d’ignorance feinte ou crasse, dans un bain de bonne conscience en nous offrant un bel éclairage solidaire dans la maintenance médiatique du charity business. La bien-pensance s’engouffre dans l’abime, les socialistes sortent les petits fours.

De cette clownerie générale découle une ultra tristesse. Je pleure.

Avec Carole Bouquet !

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Vanity Fair n° 15 – septembre 2014

A l’approche de l’hôtel Pandora j’oublie l’objet de la réunion à laquelle je suis convié. Surpris de me trouver au pied d’un immeuble parisien devant lequel je suis passé des centaines de fois avant sa rénovation sans m’apercevoir de sa magnificence potentielle, je ralentis le pas alors que mon poult s’accélère. Je suis intimidé par le luxe impressionnant du nouveau Palace et goutte déjà la flatterie hypocrite dans l’adresse de l’invitation lancée par notre patron pour cette journée de travail délocalisée. Pour me nourrir de l’endroit je voudrais m’asseoir dans la belle salle à manger et, pour me remplir d’aisance, prendre un petit déjeuner pantagruélique. Mais aucune consommation terrestre ne pourra jamais combler mon émerveillement intemporel.

Je suis les allées du devoir sobrement balisées par une signalétique ad hoc et un personnel emprunté qui m’accueille à notre conférence room avec déférence. Après quelques minutes je prétexte un rendez-vous téléphonique confidentiel et important pour sortir de la pièce. Les couloirs sont déserts, je cherche un lavabo et me dirige vers la batterie d’ascenseurs. Je suis seul dans la cabine. J’appuie à l’entresol, un étage au-dessus. Quand la porte s‘ouvre je tombe sur Carole Bouquet, je renonce à sortir, sourires :

– A quel étage souhaitez-vous allez ?

– Comme vous…

Soupir suspendu, déglutition ralentie… Je choisi le dernier étage et la regarde convaincu :

– Est-ce vraiment vous qui avez rédigé la conversation impossible avec Harold Pinter dans le Vanity Fair de septembre ?

Elle me répond affirmativement. Alors que je m’apprête à lui témoigner mon admiration pour l’intelligence de son texte dans sa manière élégante de nous donner envie d’aller la voir au théâtre, nous arrivons au restaurant-terrasse de l’hôtel où nous découvrons une vue sublime sur Paris. Un maître d’hôtel vient nous accueillir. Bien qu’il soit trop tôt pour déjeuner il nous propose une table où, très vite, nous savourons un 1er cru de Meursault.  Avant que nous soyons ivres nous prenons le temps de commander une deuxième bouteille. Dans ce lieu parfait une maladresse arrive ! Le bouchon échappe des mains du garçon, Carole B. et moi essayons de le rattraper, il roule sur la nappe, nous glissons pour le saisir et nous nous retrouvons sous la table. Le dur atterrissage de nos séants sur le sol est ponctué par un éclat de rire tonitruant de ma voisine d’infortune.

Nous sommes restés assis par terre finir nos verres et la conversation, ravis par notre nouveau point de vue sur Paris…

 

 

M&O septembre 2014

Logo M&O Paris noir

Les routes qui mènent au paradis sont tortueuses. Combien de fois n’ai-je pas tempêté contre la laideur des artères qui alimentent le cœur des grandes villes ? Le monde est rempli de paradoxes, mais je ne vais pas m’attacher aux bas côtés des choses et m’empêcher d’aller voir à Villepinte les trésors promis par Maison & Objet. Quelque que soit la route empruntée, je me rends à Paris-Nord les yeux fermés, certain de découvrir les propositions magnifiques des embellisseurs de nos intérieurs quotidiens. Je suis invité dans la plus belle maison de France, je ne boude pas mon plaisir en arrivant au Salon ; l’exercice est immuable depuis bientôt 20 ans : dès les premiers pas je m’impose un rythme serein, presque nonchalant, afin de glisser dans un traveling contemplatif et de déguster, ni trop vite, ni trop lentement, les belles choses présentées. Dans mon itinéraire de vieil enfant de l’expo – j’ai travaillé 17 ans dans les salons professionnels – je regarde aussi bien les objets proposés que l’aménagement des stands. J’avoue que je regarde aussi les belles personnes qui s’égrainent de-ci de-là au fil des allées. Je reçois l’apparence de leur beauté et de leurs charmes extérieurs comme un agrément supplémentaire qui caresse mes projets imaginés de décoration intérieure. Une maison, sans un être qui l’habite, un objet sans personne qui le regarde ou le partage ne sont qu’une chose morte et vaine ; visiteurs et exposants sont les acteurs silencieux de mon film bercé aux chants des sirènes. Grâce à eux le salon a du souffle et de la vie. Le spectacle est complet et perpétuellement en mouvement, je suis au cinéma, je suis au théâtre – il y a unité de lieu, de temps et d’action – je suis à Paris, ville lumière et d’inspirations. Aux vents des circonstances et des opportunités se dessinent sur la toile tissée entre toutes les belles figures croisées mes envies de bien être et de bonheur. Je me laisse envahir d’aisances décoratives, mon panier imaginaire se remplit, j’emporte avec moi les eldorados de tissus, les anses de théières rigolotes, les carafes de coccinelles, les bétons à fleurs…, je suis ici, je suis ailleurs. Dans l’espace agrémenté de mille détails savoureux et évocateurs, je vogue sur un champ de promesses. Les décors, les suggestions se déroulent, se chevauchent, se complètent. Dans la déambulation aléatoire et inspirée, les idées s’entrecroisent, s’harmonisent et dévoilent enfin l’ambiance délicieuse à partir de laquelle, dans mon lit le soir, je m’endormirai pour donner naissance à mes premiers songes. Quand je visite Maison & Objet, je pars en croisière.

M&O po-ferries-logo 2 Féeries, Paris : transporteur officiel d’Ubarius un brin rêveur…

Prochain embarquement les 23-27 janvier 2015