BEAUX RIVAGES

Vanity 26_aout15
Vanity Fair n° 26 – aout 2015

A partir d’une lecture, je partage un voyage ; à partir d’une image, d’une seule image, je pars dans un rêve. Je m’envole dans le décor, puis viens m’y reposer calmement avec un sentiment de bien être et d’appétit renouvelé. Je me pose à peine pour repartir et tournoyer encore, chercher un petit complément, cueillir une nouvelle saveur. Je projette dans ma tête-à-théâtre un leitmotiv plus emprunt de jouissance que de cohérence. Je deviens écrit-peintre, photo-rapporteur… pilote de mon aéro-rêve, à la limite du décrochage entre les mondes réel et imaginaire :
La Dolce Riva.
D’une vie simple et banale dans un cadre idyllique, l’existence de Lorenzo aurait pu virer au cauchemar le jour où il découvrit au milieu du lac le corps sans vie d’Irène la vieille dame, son amie. Lorenzo est artisan facteur. Après avoir servi comme vaguemestre dans la marine nationale italienne il distribue aujourd’hui le courrier aux riverains d’un grand lac du nord de l’Italie. Véritable agent de liaison, il est connu et apprécié de tous, il connaît chacun des habitants qui se cachent derrière les 211 boites aux lettres qu’il dessert . En plus de son travail de postier privé, il rend de-ci de-là quelques menus services. Son originalité est d’effectuer sa tournée en bateau ; il offre l’opportunité de pouvoir passer d’une rive à l’autre rapidement. Pour la Police, confortée par la duplicité mesquine de voisins devenus soudainement anonymes, il représente le profil du suspect idéal. La nature humaine possède une ironique capacité à honnir parfois ce qu’elle a tant chéri. Adieu Lorenzo ! Détail aggravant : la vieille et riche Irène a couché le beau Lorenzo sur son testament en lui donnant son bateau Riva.
Un facteur sait beaucoup de choses. Un bon facteur doit savoir se taire. Quand certains indélicats fouillent les poubelles des célébrités pour découvrir leurs secrets, lui retient simplement ce qu’il glisse chaque jour dans les boites aux lettres. Mais pour sauver sa peau Lorenzo n’hésita pas à rompre son serment informel et à aiguiller discrètement les enquêteurs sur l’ancien mari d’Irène dont il se souvenait des courriers menaçants et dont on ne retrouva curieusement aucune trace.
Dans le sillage de ses nouvelles tournées notre batelier-facteur n’abandonne aucune amertume, trop heureux de reprendre son service sur son nouveau bateau rebaptisé : ‘’SIRENE’’.

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